Mike Taylor
Partie 5, Peinture, section 6 : Les tons chair (page 84)
(Auteur : Michael Taylor, traduction : Stéphane Coudert, avec l'autorisation de Mark Taylor).
Il va sans dire que peindre une figurine nue est difficile pour les débutants, mais la connaissance des mélanges pour les tons chair doit être acquise le plus tôt possible, ne fut-ce que dans le but de peindre les visages et les mains. La première étape est de produire un ton chair de base, qui sera amélioré pour accentuer les contours de la figurine. CaucasienUn ton chair caucasien basique est obtenu en ajoutant diverses quantités de teintes relatives à du blanc, mélangée et comparée en utilisant notre propre peau comme référence. N’achetez jamais de tube de ton chair tout prêt, car ils sont invariablement trop roses et ne vous permettront pas de faire faire quelques expériences de couleur. Des mélanges de Chrome Yellow, Ochre et Scarlet Lake, Yellow Ochre et Burnt Sienna ou Raw Sienna et Indian Red, additionnés à un peu de Flake White produiront chacun une teinte chair raisonnable. Elle pourra être éclaircie en ajoutant plus de blanc ou assombrie avec les mêmes mélanges. Comme la couleur de la peau varie considérablement d’une personne à l’autre, il n’y a pas de formule toute faite : essayer et se tromper est la meilleure chose à faire. Ma propre méthode pour peindre la peau consiste à faire une sous-couche de toutes les zones de peau avec la teinte chair d’Humbrol mélangée à du blanc. Ceci constitue un point de référence pour toutes les étapes suivantes. Puis un peu de Yellow Ochre et de vermillon sont ajoutés à du Flake White, mélangée à une valeur de ton moyen et appliqué sur la sous-couche. Le corps est ensuite « modelé » en éclaircissant au blanc et en fonçant avec un mélange de Chrome orange et de Burnt Umber. Ce qui se passe après ça dépend entièrement du sujet et de la nature de la figurine : mâle ou femelle, lumineux ou sombre, militaire ou civil, en bonne santé ou malade, etc. Tous ces points doivent être considérés pour le rendu des tons chair.
Quand les tons chair ont été appliqués et que le modelage commence, pensez toujours chaque partie du corps comme une forme simple : la tête est une sphère, les bras et les jambes sont des cylindres. Cela vous aidera à faire des transitions tonales avec plus d’assurance. Visez aussi une douceur générale des formes, particulièrement pour peindre des corps féminins. Bien que la structure musculaire des femmes soit souvent mise en évidence voire parfois exagérée dans la gravure, cela ne veut pas forcément dire que cela doit être prononcé plus avant en phase de peinture. Les figurines masculines peuvent bénéficier d’un tel traitement, mais pas les femmes. Après avoir donné à la figurine sa forme basique par application des trois valeurs principales (clair, moyen, foncé), il faut prendre en considération la nature de la peau elle-même. Certains artistes utilisent les mêmes tons de la tête aux pieds, mais c’est incorrect. Si vous étudiez le corps humain, vous verrez (hors des zones éclairées ou dans l’ombre) que la peau n’est pas partout uniformément colorée. Les épaules, les bras et les genoux vont être plus sombres que d’autres parties du corps ; les côtés des pieds sont plus clairs, les pointes des pieds et les talons plus roses. En outre, quand la peau est plus fine et les veines plus proches de la surface, une légère ombre bleue peut être observée. La couleur de la peau peut aussi être affectée par le mode de vie du sujet : un homme d’infanterie endurci par les batailles, par exemple, peut avoir des joues roses et une peau tannée ou salie par la poudre à fusil, alors qu’un officier de la cour peut être d’une blême constitution. Puis il faut considérer les circonstances du sujet : ce qu’est en train de faire la figurine représentée. Tandis qu’une personne engagée dans une activité éprouvante peut apparaître rouge, une autre donnant un récital en salon peut être vue plutôt pâle. Plus encore, quand les personnes sont dehors, leur peau tend à avoir un ton différent de celui qu’elle prend à l’intérieur, ce qui nous ramène à la configuration du sujet ainsi qu’à la lumière et la couleur réfléchies. Dans une scène de neige, par exemple, la peau apparaîtra froide, et des bleus ou des pourpres peuvent être introduits. À l’inverse, dans un paysage tropical, un environnement luxuriant et arboré peut refléter du vert sur la peau. Des vêtements aux couleurs vives peuvent avoir le même effet, etc.
Pour finir, une astuce utile : si le ton chair paraît trop rouge une fois sec, appliquez un ou deux légers lavis de Sap Green (traduit par vert de vessie en français, NdT). Cela tuera l’effet coup de soleil. Ethnies
Quand on a à peindre la couleur chair d’autres peuples, le plus souvent, tout ce que cela réclame est une légère modification de la couleur utilisée pour une peau caucasienne. Les européens du sud et les Turcs, par exemple, auront juste besoin d’un petit ajout de violet ; les asiatiques, un peu plus de Yellow Ochre ou de Raw Sienna ; les Japonais et les Chinois, du Chrome Yellow ; et pour les Indiens d’Amérique, une plus grande quantité de Burnt Sienna ombré au Raw Umber. Toutefois, ce que nous appelons en général les peaux « noires » nécessitent un traitement tout à fait différent.
Nous utilisons le terme de « noir » simplement comme un label pratique pour certains groupes ethniques, de la même façon que nous appelons les caucasiens des « blancs ». En fait, la peau des caucasiens n’est pas plus blanche que la leur n’est noire. Plus encore, du fait des métissages avec d’autres groupes ethniques, la couleur de la peau « noire » peut considérablement varier depuis le noir bleuté jusqu’à un brun moyen, voire clair. Mais étudions la plus sombre, celle du vrai noir africain. L’effet le plus important à viser quand on peint une peau noire concerne les autres couleurs (représentant les zones éclairées de la peau) à représenter, ce qui est en général réalisé par la sous-couche. Trois couleurs basiques peuvent être utilisées à cette fin : blanc, vers ou chair (teinte caucasienne). Quand le blanc est utilisé – ce peut être la couche de primer – aucune éclaircie ou couche d’ombrage ne sera nécessaire. En utilisant du Burnt Umber pour la couleur de peau, par exemple, appliquez simplement une fine couche sur toute la zone chair. Avant qu’elle ne sèche, brosser délicatement à sec (dry-brush) sur les zones éclairées. Cela affinera suffisamment la peinture, permettant aux éclaircies d’apparaître, et, dans le même temps, ombrera les autres zones en construisant une redistribution de la peinture.
Certains peintres utilisent une sous-couche verte, ce qui peut être tout aussi efficace. Rifle Green (une couleur Humbrol) (numéro 76 en l’occurrence : Le Rifle Green était la couleur des uniformes de plusieurs régiments de carabiniers (rifle regiment) en Europe, NdT) ou Sap Green peuvent être couverte de Burnt Umber, comme précédemment, mais, plutôt que de travailler sur une sous-couche sèche, essayez le brossage à sec pendant que la sous-couche est encore fraîche. Cela permettra d’obtenir juste une teinte de vert au travers de la zone de faible épaisseur et modifiera l’ombre, la faisant apparaître à la fois plus sombre et plus froide. Les zones de rehaut peuvent être éclairées avec du Raw Umber ou du Yellow Ochre, mélangé à du blanc, et les parties ombrées peuvent être foncées soit avec du Burnt Umber pur ou mélangé à du Prussian Blue. Burnt Umber et Prussian Blue sont basiquement tout ce qui est nécessaire pour représenter la peau noire. Quand un peu de bleu est ajouté au brun, le résultat est un ton chair brune très foncée ; avec des proportions inverses, on aboutit à un vrai noir bleuté (comme la peau d’un Ethiopien). La troisième et dernière méthode est d’utiliser une sous-couche couleur chair. C’est la méthode que je préfère ; sans considération de race ou de couleur, toutes mes figurines commencent avec une coloration caucasienne. Une fois la sous-couche d’Humbrol couleur clair sèche, la zone entière est repeinte avec la même couleur en utilisant des huiles. Cela peut paraître une perte de temps inutile, mais quand cette couche est sèche, les couches suivantes s’accrocher à la surface très doucement et vont permettre plus de subtilité pendant les fondus. Quand la couleur de base de la peau doit être très sombre, comme avec les Nubiens (renvoi à l'illustration, NdT), un peu de Burnt Umber est mélangé avec du Prussian Blue et appliqué sur toute la figurine, en évitant la paume des mains et les talons. Les zones éclaircies (joues, épaules, avant-bras, etc …) sont brossées à sec, permettant à la sous-couche d’apparaître par transparence. Avant que cela n’ait séché complètement, j’ajoute à ces zones un mélange de Chrome Orange, Indian Red, et Flake White. Il est soigneusement fondu avec la bordure de la couleur de peau en faisant bien attention de ne pas souiller les zones éclaircies ; puis on laisse sécher. L’attention est ensuite tournée vers les zones de lumière réfléchie, et pour les peaux nubiennes, je n’utilise d’autre qu’une teinte de Prussian Blue. La position de ces rehauts et leur ampleur dépendent de la nature de la figurine, mais, habituellement, elles seront placées dans les zones ombrées des hauts de bras et des avant-bras, ainsi que sous la poitrine. Lorsque ces effets sont terminés, la figurine est finie pour l’essentiel. Tout ce qui reste à faire est d’approfondir les ombres, signaler les rehauts, rétablir toute valeur de teinte perdue et plus généralement préciser les détails, comme l’ombrage entre les doigts et entre les orteils. Vermillon, Rose Madder et blanc sont de bonnes couleurs pour les zones roses de la peau noire, leur donnant une allure très naturelle. En parlant de cela, quand vous peignez les yeux, ajouter un peu d’orange à chaque coin, car cela ajoute aussi au réalisme.