Le sac de Rome
J'ai acheté cette magnifique série à Kulmbach en 2019, chez jean-Jacques Mineur, éditeur allemand contrairement à ce que semble indiquer le nom. Je n'en ai par ailleurs trouvé que peu de traces sur internet, à l'exception de cet extrait de catagalogue de la British Flat Figure Society.
L'ensemble est vendu dans une de ces charmantes boites en carton, dans la plus pure tradition du plats d'étain. La conception est superbe et l'exécution parfaite.Internet fourmille d'illustration pour cette époque violente et épique. J'y ai notamment trouvé ce détail qui m'a permis de bien caractériser la cape de l'un des personnages : Cet événement s'inscrit dans le cadre passablement compliqué de la septième guerre d'Italie, avec pour enjeu, de 1526 à 1529, la suprématie en Europe entre Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et François 1er. François 1er a perdu à Pavie, il est prisonnier et les conditions du traité qui lui est imposé sont draconiennes. Du coup, le pape Clément VII est inquiet des ambitions de Charles Quint. Il organise une ligue anti-impériale : la sainte ligue de Cognac, le 22 mai 1526. En réponse, l'Empereur décide d'intervenir militairement. Il envoie contre l'État pontifical la famille romaine des Colonna, ennemie de la famille Médicis. La ville est saccagée une première fois le 20 septembre 1526. Clément VII, assiégé dans Rome, est obligé de demander l'aide de l'Empereur avec la promesse en échange de quitter l'alliance avec le roi de France ; mais il rompt le traité signé sous la contrainte et appelle à son aide... François 1er. Compliqué je vous dis... Rebelotte, l'Empereur dépêche un contingent de lansquenets sous les ordres du duc Charles III de Bourbon. 15 000 lansquenets (des gens très délicats dans leurs belles tenues bariolées...), 6 000 espagnols, 5 000 italiens déferlent sur la ville.
Elle est défendue par 5 000 soldats qui bénéficient de solides remparts et d'artillerie dont les assiégeants sont dépourvus. Les impériaux veulent prendre la ville rapidement pour éviter d'être pris à revers par l'armée française. Leur chef tombe sous un coup d'arquebuse, ce qui fait disparaître toute retenue chez les soldats qui s'emparent facilement de la ville. Le pape Clément VII réussit à se réfugier dans le château Saint-Ange pendant que les soldats impériaux franchissent le Tibre pour entrer dans Rome. Le saccage de la ville commence le lendemain. La ville entière, les églises, les hiérarchies ecclésiastiques et les civils sont soumis à des cruautés sans limite : assassinats, tortures, ventes de cardinaux et d’évêques comme esclaves, vols de reliques, actes sacrilèges, viols de femmes, tombes profanées. Des processions parodiques parcourent les rues au cri de « Vivat Lutherus Pontifex » ainsi que des lansquenets revêtus d’habits ecclésiastiques qui jouent à élire parmi eux un « pape Luther ».
C'est cet épisode que représente la série.
On dénombre des milliers de victimes, des dommages incalculables sur le patrimoine artistique. Un recensement effectué avant le sac dénombrait environ 55 000 habitants à Rome. Fin 1527, le chiffre de la population est divisé par cinq. À la dévastation a en effet succédé la peste en raison des cadavres que personne n'a enterrés. Plus de la moitié des soldats impériaux meurent. Quelle belle époque, quand même. Le pape reste six mois dans le château Saint-Ange, jusqu'au moment où il signe une capitulation avec le prince d'Orange et les chefs des troupes impériales. Il quitte clandestinement le château Saint-Ange pour Orvieto, début décembre. Les raisons qui conduisent les mercenaires allemands, espagnols et les bandes italiennes à s'adonner à un saccage aussi long (presque un an) sont diverses. En ces temps, les soldats sont payés tous les cinq jours : lorsque le commandant ne dispose pas de l'argent suffisant pour la rétribution des soldats, il autorise la mise à sac de la ville qui ne dure pas, en général, plus d'une journée, le temps suffisant pour que la troupe prélève son butin. Mais, dans ce cas, les lansquenets, non seulement sont restés sans paie mais ils ne disposent même plus de leur commandant. De plus, la majeure partie d'entre eux, luthériens, nourrissent une haine contre le pape.
L'histoire semble avoir retenu que l'Empereur, alors à Valladolid où il célébrait la naissance de son premier enfant et héritier (le futur Philippe II d'Espagne), ayant appris la tragédie commise par ses troupes, mit fin aux festivités et se réfugia dans la prière. Si les historiens le disent, ça doit être vrai ...(Source Wikipédia) Au total, et malgré ce background historique orrifique, ce fut une saynète très agréable à peindre, très bien gravée et pour laquelle on peut assez facilement délirer sur les couleurs, sans insulter l'histoire... Prix catherine Césario, médaille d'or et Best of Show à Montrouge 2022.
Médaille d'or à Kulmbach 2024.
Voilà le résultat :