Rehauts et ombres portées

L'éclairage général de la pièce est donné par le modelé d'ensemble de la peinture (voir l'atelier "Modeler les couleurs") :
- lumière tournante globalement sur un axe vertical et plus précisemment sur chaque partie élémentaire : moyen, très clair, clair, moyen, foncé très foncé, ligne claire, ligne "noire" (pour les objets opaques bien sûr ; les objets translucides sont traités en faisant traverser la lumière vers la partie arrière de l'objet; ils feront l'objet d'un atelier spécifique) ;
- plus l'éclairage zénithal général.

Une fois cette phase terminée, plutôt dans le sec, et avant de poser définitivement les pinceaux, nous devons nous poser obstinément deux questions :
- quels éclats viendront rehausser la figurine de façon ostensible tout en restant crédibles,
- quelles ombres portées viendront accentuer le réalisme des différents plans de la pièce.

  • Les rehauts
    Les rehauts de blanc pur sont là pour donner le dernier éclat de lumière. Ils sont invisibles à notre regard quotidien tellement ils sont évidents ; du coup, on peut les oublier sur notre figurine, qui paraît terminée.
    Le rehaut, c'est le point final d'énergie que nous y mettons pour affirmer la lumière. Quand il est apparaît, on comprend subitement ce qui manquait pour donner vie à la lumière.

    S'il est indispensable pour les métaux, il ne l'est pas moins pour presque toutes les autres surfaces :
    - le petit éclat dans l’œil,
    - l'angle du pli d'une soierie,
    - le vernis d'un bois qui reflète la lumière ...

    Ils sont réalisés en blanc de titane : Winsor et Newton si possible, idéal en texture et avecle juste équilibre transparence/opacité comme il faut pour assurer toutes les nuances d'éclat/de fondu. Le très puissant blanc de titane Old Holland peut être réservé pour un point que l'on souhaite très éclatant.
    Son positionnement et surtout son niveau de fondu relève du vrai talent et je pense qu'il n'y a guère d'autre façon de le réussir que de s'inspirer de la réalité ou de ce qu'en ont fait les grands peintres. Ici plus que jamais, il faut éviter la copie (surtout d'autres plats !) pour aller chercher le touche finale dans la composition réelle de l'objet et de sa lumière, en cohérence avec le reste de notre peinture.
    A l'expérience, je pense qu'il ne faut pas hésiter à en faire juste un peu "trop". Après séchage, ce sera souvent juste suffisant.

  • Les ombres portées
    Elles sont très importantes pour compléter l'effet de trompe l’œil en mettant en évidence les différents plans de la figurine. A ce titre, elles sont vraiment le complément des rehauts et il ne faut pas hésiter à chercher toutes les bonnes occasions d'en placer, afin d'accentuer les effets de profondeur.
    Les ombres portées ont une forme, une couleur et une netteté qui expriment toutes trois précisemment le positionnement des plans de la figurines.

    La forme tout d'abord doit prendre en compte la combinaison de l'objet qui projette son ombre et de la surface qui la reçoit : l'ombre d'une épée droite sur un flanc bombé est une courbe. Il faut donc s'inspirer le plus possible du réel. En cas de doute, il est fortement recommandé de se fabriquer une maquette grossière permettant de visualiser la projection de l'ombre sur une surface proche de celle que nous cherchons à représenter.
    De façon générale, il ne faut avoir aucun complexe à se référer à des modèles : seuls de grands dessinateurs, avec ce qu'ils ont acumulé d'expérience, peuvent dessiner de tête. L'atelier "visage" aborde ce point : nous avons le plus souvent besoin de nous référer à des modèles pour exprimer toute la complexité et l'exactitude de ce que nous cherchons à représenter. Si l'ombre droite d'une lance sur le flanc d'un cheval nous donne d'abord satisfaction, au premier coup d'oeil sur la version courbe, nous jaugerons l'insuffisance de la première interprétation. Comme je l'écrirai souvent, l'oeil humain est impitoyable et voit toujours ces imprécisions, même s'il n'arrive pas toujours à interprêter le doute qui s'impopse à lui.

    La couleur n'est pas fondamentale aux petites échelles (30mm). En première approximation, elles peuvent être réalisées en burnt umber. Pour être perfectionniste, elles seront réalisées dans une teinte sombre de la couleur sur laquelle elles se projettent, ce qui permet plus facilement de les moduler.
    Le noir n'est pas impossible non plus ; il donnera une ombre franche dont on voit à l'occasion de très belles mises en oeuvre. Mais elle doit être cohérente avec la puissance des contrastes que l'on donne sur le reste de la figurine.

    Leur positionnement relatif et leur netteté sont plus importants :
    - elles sont d'autant plus foncées et nettes qu'elles sont proches de l'objet qui les provoquent ; si l'objet est plus loin du plan de l'ombre, celle-ci s'atténue et se floute.
    - si cette distance est substancielle, il subsiste une très fine ligne claire entre l'objet et l'ombre, qu'on aura intérêt à marquer pour bien distinguer les différents plans de la figurine. C'est du trompe l’œil : encore une fois, il ne faut pas hésiter à forcer les effets.