Greg di Franco
Peindre des plats d’étain : l’utilisation efficace de la lumière et de l’ombre dans la valeur des couleurs

5- Lumière reflétée, réfléchie et ambiante

Peindre l’éclairage indirect, c’est-à-dire les éclairages réfléchis ou ambiants, est un outil puissant à disposition de l’artiste pour créer l’impression de volume. Dit simplement, c’est la façon qu’ont les peintres d’inclure les effets de la lumière indirecte dans les zones d’ombres. Dans la vraie vie, les zones ombrées ne sont pas juste constituées d’un ou deux tons foncés, mais de beaucoup de changements subtils de tons. Couchez-vous sur le dos sous une table de pique-nique un jour de soleil, et, lorsque vos yeux se seront accoutumés, vous verrez toute une gamme de valeurs, certes toutes dans la gamme des tons foncés, mais toutes présentes. Comment cela se produit-il alors que le soleil n’éclaire pas cette partie cachée ? Cela provient de la lumière réfléchie ou reflétée depuis le sol.

La lumière réfléchie, pour ce qui nous concerne, apparaît au bout de la zone ombrée (à l’écart de la source de lumière). Ainsi, plutôt que de peindre toute cette zone avec une valeur totalement sombre, nous éclaircissons l’ombre lorsque nous nous éloignons de la source de lumière. La lumière ambiante est la lumière disponible qui illumine une zone ombrée à l’écart de toute autre source, en un mot, pour nous, du ciel. Si vous êtes un peintre débutant de plat, vous pourriez avoir envie de passer presque toute cette section et y revenir lorsque vous maîtriserez les autres aspects de l’ombre et de la lumière, car c’est un peu compliqué. Ceci dit, il y a quelques applications simples concernant les lumières réfléchies et ambiantes et quelques trucs qui les débutants peuvent expérimenter. Cela peut être utilisé même si on ne comprend pas totalement la « physique » de la lumière indirecte et cela se décrit ici.

Le principe le plus important est que la lumière indirecte neutralise l’ombre. De ce fait, la partie la plus sombre d’une zone ombrée sur une forme se trouve là où la lumière se transforme en ombre (la ligne de transition évoquée auparavant), et non pas plus loin à l’écart de la lumière, comme on pourrait s’y attendre. Relisez à nouveau l’expérience de l’œuf et notez comme la partie la plus sombre de l’ombre est la zone de transition et comment l’ombre est neutralisée ou éclaircie au fur et à mesure que nous nous déplaçons vers le bas de l’œuf. De ce fait, quand vous êtes en train de peindre une zone ombrée, les valeurs vont en fait à l’opposé de la zone éclairée, c’est-à-dire que la ligne de transition est plus foncée et que les valeurs deviennent de plus en plus claires quand vous vous déplacez à l’écart de la lumière. La clé de la réussite lorsqu’on peint en lumière indirecte est de conserver des valeurs dans la gamme sombre – ne laissez jamais un éclairage indirect être aussi clair que n’importe quelle couleur ou valeur du côté éclairé.

Maintenant, parlons physique : tout d’abord, une lumière indirecte n’est pas un rehaut et, comme je l’ai dit, doit rester sombre. Comme pour toutes les règles, il y a des exceptions avec des effets spéciaux, lorsqu’il y a par exemple une autre source de lumière qui vient s’imposer dans l’ombre (notamment vu dans les sujets relevant de la Fantasy), mais, en général, la règle est respectée. Un autre aspect est que les couleurs claires reflètent plus de lumière que les couleurs sombres. De ce fait, avec du blanc, vous pourrez voir des lumières réfléchies très fortes, alors qu’avec des couleurs sombres, l’effet est beaucoup plus subtil. Un bon exemple est quand vous peignez un cheval blanc. Vous pouvez peindre des tons moyens relativement forts sur le ventre d’un cheval blanc, car il reflétera une belle quantité de lumière depuis le sol. Bien sûr, cela ne sera pas vrai pour un cheval bai : les tons moyens réfléchis seront plus subtils.
Du coup, le meilleur objet pour commencer à expérimenter la lumière réfléchie serait un objet de couleur claire.

La lumière indirecte est peinte avec l’aide de l’échelle de gris. Mélangez les couleurs en référence au côté plus sombre de l’échelle de gris et amusez-vous à les poser sur la zone ombrée. Il est étonnant de constater combien de valeurs on peut placer dans une zone ombrée.

La différence entre les deux types de lumières indirectes que nous avons analysés est très subtil, mais important. La lumière reflétée ou réfléchie est la lumière qui rebondit depuis une surface sur une autre ; pour un plat, ce sera souvent la lumière qui rebondit depuis le sol sur les parties inférieures (et dans l’ombre) des objets. Pour cette raison, j’aime utiliser des couleurs chaudes pour la lumière réfléchie, comme de l’orange ou du jaune. La lumière d’ambiance, pour nous, est la lumière qui vient du ciel et illumine la partie supérieure de la figurine qui se trouve en situation ombrée. Pour cette raison, la couleur de la lumière ambiante jette une teinte bleuâtre. Un exemple de lumière ambiante serait les parties d’ombres les plus claires jetées par un cavalier sur le dos du cheval et la selle, avec des tons variés de bleu. Même les ombres peintes sur le sol justifient ce traitement. Ce contraste entre les lumières chaudes réfléchies par-dessous et la lumière ambiante froide et bleutée sur les surfaces ombrées du dessus ajoutent considérablement à l’illusion des trois dimensions que nous recherchons.

Quelques astuces simples : l’astuce basique de la lumière réfléchie est de mélanger une couleur juste un peu plus claire que votre ombre foncée (utilisez l’échelle de gris) et de peindre une ligne fine sur le bord droit de votre plat (c’est-à-dire le bord opposé à la lumière), en estompant la frontière avec l’ombre. Cela est particulièrement efficace avec des objets clairs, par exemple un gris moyen sur la limite droite d’un pantalon blanc.