Mike Taylor
Partie 5, Peinture, section 10 : Peindre les chevaux (page 97)

(Auteur : Michael Taylor, traduction : Stéphane Coudert, avec l'autorisation de Mark Taylor).

Depuis l’introduction du char par les envahisseurs Hyksôs chez les anciens égyptien environ 1650 ans Av-JC, le cheval a joué un rôle important dans l’histoire de l’humanité.
Depuis les très précieux coursiers des Assyriens (qui ont inventé le cheval soldat) jusqu’aux lourdes montures des chevaliers du Moyen Âge, des poneys nomades de Gengis Khan aux sabots de tonnerre de la cavalerie Napoléonienne, le cheval a joué un rôle majeur dans le domaine de la guerre, de la chasse, de l’agriculture, des transports et l’apparat. Du coup, il n’est pas surprenant qu’une large proportion de plats soit consacrée aux sujets équestres.

Les techniques utilisées pour peindre les chevaux sont essentiellement les mêmes que pour toute autre forme solide, la structure étant modelée en ombrant et en éclaircissant, l’impression de rondeur étant produite par de large et subtils fondus. Cependant, si un cheval bien peint peut rehausser n’importe quelle figurine, le même mal peint peut rendre l’ensemble ridicule. Les attributs physiques de l’animal, comme la zone grise autour des yeux et de la bouche, la bonne couleur des sabots et, bien sûr, une anatomie conforme, doivent être représentés avec précision. Pour cela, le peintre doit bien étudier son sujet ou utiliser des références.

Il y a plusieurs types et races de chevaux, chacun avec ses propres caractéristiques. Si votre plat a été bien conçu et gravé, cela sera présent dès le début : le cheval arabe aura une tête courte et fine avec une face légèrement concave et de grands naseaux ; le cheval mongolien a un court dos muclé et une lourde tête, etc. Ce dont le peintre a besoin, c’est d’un guide de couleur et, indépendamment des races, le cheval peut être divisé de façon pratique en trois groupes principaux : noir, brun, gris. Cela concerne ses poils ou sa robe.
La couleur d’un corps de cheval (sa peau) peut être rose, brune ou noire. Cela, combiné avec la couleur des poils – qui peut être différente de celle de la peau – déterminera la couleur générale du cheval. La couleur de la robe peut ête régulière ou erratique, ce qui donne au sujet une grande variété. Le cheval peut également avoir des marques au visage ou aux jambes et ses « points » (un terme générique pour la crinière, la queue et la partie inférieure des membres) peuvent aussi être différents (en fait le terme de « point » décrit une série standardisée de certaines parties de la conformation de l’animal, surtout utilisée lors des concours équestres ; dans la suite de la traduction, ce terme représentera les trois parties distinguées par M. Taylor, NdT).

Il y a de nombreux sous-groupe à l’intérieur des trois groupes de couleur principale, dont les plus communs sont les suivants :

  • Albinos :
    Robe blanc pur sur une peau rose, yeux bleus pâle ou bruns.
  • Bai :
    Tête et corps brun avec des « points » noirs. La robe peut varier d’un brun clair jusqu’à un roussâtre vif.
  • Noir :
    Noir franc partout (incluant la crinière et la queue) à l’exception de possibles marques blanches sur les jambes ou la face.
  • Brun :
    Couleur générale brun-noir avec également des « points » noirs.
  • Châtaign ou oseille :
    Variation depuis le ton roussâtre (allant vers l’orange) jusqu’à doré, avec crinière et queue de la même couleur. Un châtaigne clair a une crinière et une queue blonde. Les robes châtain plus vives sont plus proches d’un brun grisâtre ou de bruns tamisés de couleur châtaigne.
  • Crême :
    Du fait d’un manque de pigmentation, ce cheval a une robe et des « points » crème. Sa peau est rose et ses yeux peuvent paraître opaques ou bleus.
  • Brun grisâtre (dun) :
    Peut varier de nuances bleues (gris sur l’ensemble de la robe) à des teintes dorées ou jaune ; les « points » sont générallement noirs.
  • Gris :
    Peau noire (à l’exception des présences de marques blanches) couverte d’un pelage irrégulier blanc et noir, qui apparaît gris. Des pommelures sont communes et présentent des cercles foncés sur un fond plus clair, couvrant le corps complètement ou partiellement. Gris clair et le terme correct pour un cheval qui paraît blanc.
  • Palomino :
    Robe crème-dorée avec crinière et queue plus claires (parfois blanches).
  • Pie :
    Robe dotée de grandes taches irrégulières, noir ou blanche.
  • « Skewbald » :
    Terme anglais pour une robe dotée de taches irrégulières blanches ou d’autres couleurs, à l’exclusion du noir.
  • Palettes et notes de peintures
    Les chevaux noirs sont souvent évités par les peintres pour plusieurs raisons, mais, pour l’essentiel, c’est parce que le noir en miniature a rarement un bel aspect. Évitez d’utiliser du noir pur, et visez plutôt à utiliser un brun très foncé auquel est ajouté un peu de carmin et d’ultramarine. Du « Sap Green » mélangé à du noir et une touche de blanc (comme pour les peaux négroïdes) donne aussi une bonne représentation d’un noir moyen. Tout aussi efficace est le mélange d’un noir d’ivoire avec un brun ou des ombres rouges. Une autre méthode est d’utiliser du bleu de Prusse avec du Burnt Sienna sur une fine sous-couche de noir mat Humbrol. Cela donne une agréable finition « coquille d’œuf », qui, une fois sèche, peut être rehaussée de blanc mélangé à une peu de Yellow Ochre. Naples Yellow est également une excellente couleur plus éclaircir, mais doit être utilisée avec parcimonie.
    De façon générale, les chevaux bruns peuvent inclure les bais et les châtains, qui sont très similaires en apparences, avec une gamme du clair au foncé. Les chevaux bruns sont les plus fréquemment illustrés par les modélistes, et, du fait de la nature de leur couleur, sont de loin les plus faciles à peindre. La variété des tons (et, plus largement, des couleurs) de chevaux bruns est très étendue et il est utile d’expérimenter différents mélanges, en regard d’une couleur spécifique de référence. La palette pour ces mélanges peut inclure Raw et Burnt Umber, Raw et Burnt Sienna, Yellow Ochre, Naples Yellow, Ultramarine, Indian Red, Chrome orange, Ivory Black et Flake White.
    Crinière et queue des chevaux bruns peuvent différer de leur robe. Alors que les « points » d’un châtain véritable ont fondamentalement le même ton, ceux d’un châtain clair sont souvent couleur lin. Un cheval bai, qu’il soit foncé ou clair, a toujours des « points » noirs.
    Les chevaux gris naissent très foncés (couleur « fer ») et s’éclaircissent avec l’âge.De fait, leur peau est noire, mais c’est leur couverture irrégulière de crins noirs et blancs qui donne cette apparence de gris. Comme les chevaux noirs, les chevaux gris sont assez difficiles à peindre de façon convaincante, la faute la plus commune étant un blanc apparaissant trop vif, ou, encore pire, avec un aspect crayeux. Évitez d’utiliser des mélanges de noirs et blanc purs, qui apparaîtront trop forts, et ajoutez plutôt des touches de bruns et/ou d’ocre, qui réchaufferont les teintes. Les parties inférieures des chevaux gris sont généralement de couleur crème, qui pourra être obtenu en ajoutant une teinte jaune orangée. Queues et crinières peuvent aussi présenter des teintes jaunâtres et, dans certains cas, plus foncées ; elles doivent être traitées en accord.
    Les pommelures doivent être traitées avec une extrême attention : elles peuvent être peintes comme un motif de lignes plus sombres ou comme une grappe de taches plus claires. Leurs formes doivent être irrégulières et leurs limites fondues. Il est de ce fait conseillé de travailler dans le frais, en faisant en permanence attention à ne pas donner l’impression que l’animal porte des taches en forme de spots.
    Les chevaux gris-clairs ont principalement des robes blanches, qui rendent leurs valeurs tonales encore plus subtiles. Il est recommandé (c’est peut-être même vital), lorsque vous peignez de tels chevaux, d’avoir une référence visuelle devant vous, de préférence en couleur.

    Marques
    Indépendamment de la race, du type ou de la couleur, les marques sur les chevaux varient d’un animal à l’autre. Une flamme, une petite tache (au niveau du nez, NdT), une étoile ou une bande sont des marques blanches qui peuvent apparaître sur la face ; elles peuvent être représentées simplement en appliquant du blanc pur sur la zone appropriée et en fondant légèrement des bords. Quand une flamme coouvre presque toute la face, cela s’appelle une « face blanche ».
    Les marques blanches sur les parties basses des jambes des chevaux sont nommées « socks » (chaussettes, NdT) et « stockings » (bas, NdT) (elles font aussi partie des « points »). Alors que la chaussette ne s’étend que du sabot jusqu’à l’articulation du boulet (terme de l’anatomie chevaline : première articulation en partant du sabot, NdT), le bas remontera jusqu’au genou ou le jarret. Ces marques sont noires sur les chevaux bais (à estomper au niveau de « l’avant-bras ») et blaches sur les châtains. Cependant, il n’y a aucune règle absolue concernant les jambes concernées et leur nombre, par ces marques.

    Pour finir, quelques mots concernant les détails. La couleur faciale d’un cheval doit être fondue vers le nez, qui est en général d’un ton gris-rose, du fait d’un manque de poils. Prenez un temps de travail et d’attention sur cette zone, en introduisant juste une touche de rose autour du nez et des lèvres. N’ajoutez pas de blanc (ni de rouge) dans les yeux car cela donnera l’impression d’un cheval dément. À l’exception des chevaux crème et de certains albinos, les yeux de chevaux sont très foncés et ne requièrent qu’un ton brun-noir. Les sabots peuvent être clairs ou foncés : on a parfois écrit « si la jambe est foncée, le sabot l’est aussi ». Pourtant, depuis la fenêtre de mon studio, je peux voir un cheval brun foncé, presque noir, avec des sabots foncés. Où ai-je rangé ce livre sur les chevaux ?