Mike Taylor
Partie 5, Peinture, section 8 : Peindre les détails (page 89)

(Auteur : Michael Taylor, traduction : Stéphane Coudert, avec l'autorisation de Mark Taylor).

La quantité de détails donnés à un plat peut dépendre de trois facteurs : la taille de la figurine, comment elle sera mise en scène, et les préférences personnelles. Les figurines à grande échelle n’offrent pas seulement une scène pour les détails, mais l’exige aussi : toute l’attention doit être portée pour atteindre la perfection, spécialement quand ces figurines sont destinées à un concours. Pour leurs compagnes de petites dimensions, les opinions varient considérablement : certains disent que les détails sur des figurines de 30mm ne sont pas nécessaires, d’autres se régalent de leur présence. En fait, ces deux écoles de pensées sont également valides. Considérez la peinture d’un arbre : si un arbre mature doit être portraituré sur quelques centimètres de hauteur, aucun artiste doué de raison n’essaiera d’en peindre chaque feuille, ce que la réduction d’échelle ne permettra pas. De façon similaire, la figurine de 30mm d’un être humain, placé à une distance de vue confortable, représentera une personne réelle distante de 18,5 mètres (60 feet, NdT). Quels détails seront visibles ? Verrons-nous la couleur de ses yeux ? Verrons-nous même tout simplement ses yeux ?

Si vous examinez le diorama de Kurt Becker « La bataille de Rossbach » au musée Plassenburg (sur les hauteurs de Kulmbach, on n’en sort pas …, NdT), vous verrez plus de 10.000 figurines sur une unique présentation. Chaque figurine est peinte à un standard pas plus haut que nécessaire pour contribuer à l’effet d’ensemble. En masse (en français dans le texte, NdT), les plats sont toujours efficaces, indépendamment du nombre de détails montrés, voire même du fait qu’ils soient bien peints ou pas. Pourtant, quelques figurines finement détaillées (lorsqu’elles sont placées dans de plus petits dioramas et en représente le point focal) peuvent ajouter à la crédibilité d’une scène. Dans une telle présentation, les éléments de l’arrière plan peuvent être relativement vagues, pour créer une perspective « aérienne » (atmosphérique).
Plus encore, trop de détails sur une figurine inadéquate, ou à la mauvaise place, peut paraître ridicule et gâcher tout l’effet. Pour cette raison, avant d’ajouter tout détail à une figurine, les raisons pour lesquelles cela doit être peint doit d’abord être clarifiées.

D’un autre côté, quand les plats sont présentés individuellement, ou hors contexte, il n’y a rien de plus décourageant de voir le travail d’un maître graveur oblitéré par un barbouillage. Pour certains collectionneurs, moi y compris, les figurines seules (quelle que soit leur taille) doivent paraître aussi vivantes que possible, y compris quand on les regarde de très près – et même lorsqu’elles sont agrandies. Il suffit de regarder une gravure de Mohr pour voir pourquoi, car ici un visage pas plus grand qu’une tête d’allumette révèle à la fois du caractère et une expression. Si c’est ainsi que nos figurines sont créées, nous devrions les compléter au mieux de nos capacités. En outre, un détail de la figurine est fréquemment l’un des aspects les plus admirés d’une peinture de plat et, comme c’est le cas peut-être avec les miniatures persanes, peut inspirer une crainte révérencieuse.

Détailler une figurine prend plusieurs aspects. Les motifs, par exemple, sont plutôt suggérés que laborieusement dupliqués, spécialement sur de petites figurines. Quelques gribouillis clairs et foncés feront l’affaire – étudiez les vieux maîtres, Rembrandt en particulier. De même, pour peindre des broderies, vous pouvez envisager d’utiliser des encres d’imprimerie (voir section 8 : peindre les métaux). Pour les détails minutieux, comme les boutons, la peinture peut être prise directement depuis le tube et appliquée en une touche du bout du pinceau. D’un autre côté, quand ils exigent un modelé, un mélange de teinte plus sombre peut être appliqué sur l’ensemble du bouton, contrasté sur un côté avec une nuance de cette teinte et éclairée par une touche au blanc pur. Si le bouton (ou tout autre détail) est en relief, n’oubliez pas de placer une ombre de la limite extérieure, du côté sombre. Cela améliorera la définition du détail.

Tout le travail sur détails demande un support stable et une main ferme sur la figurine. Pour un contrôle complet, posez les deux poignets sur la surface de travail, et, dans certains cas, prenez une grande respiration (et retenez-la) avant d’appliquer la peinture sur la figurine. La consistance du pigment est également vitale car si elle est trop liquide, cela coulera à des endroits non désirés ; si elle est trop épaisse, les longs filets ne seront pas possibles. Alors que la taille du pinceau requis semble une évidence, ce n’est pas toujours si automatique. En théorie, avoir recours à un poil seul pour réaliser la plus fine des lignes semble idéal, mais en pratique, cela peut créer des difficultés. Le pinceau (ou le poil) peut porter trop ou pas assez de pigment tout en étant trop souple pour dessiner uniformément. Pourtant, il y a une solution à ce problème : n’utilisez pas de pinceau (ou de poil) du tout, mais une épingle. Au lieu d’ajouter de la peinture pour créer un détail, enlevez-en.
Un pinceau-aiguille est une pièce d’équipement très utile et facile à réaliser. Quand un vieux pinceau est complètement usé, brûlez ce qui reste des poils au-dessus d’une bougie, jusqu’à ce qu’il ne reste que le manche et la virole. Coupez la tête d’une aiguille métallique (ou utilisez une aiguille courte) et plantez la partie émoussée enrobée de Milliput frais dans la virole. Une fois durci, quand l’aiguille est sécurisée, ajoutez un peu de Milliput autour de l’aiguille pour améliorer sa tenue. Le résultat est un pinceau facile à tenir en main, portant un point pointu et solide à la place des poils.
Pour expliquer son usage, considérons la peinture de la plus fine ligne possible, en jaune, sur une surface bleue foncée. Peignez d’abord toute la surface à l’huile jaune et laissez bien sécher. Puis peignez sur le jaune avec le bleu foncé. Avant que ce ne soit sec, ou après, dessinez doucement sur la peinture avec la pointe de l’aiguille et (à condition de ne pas appuyer trop fort) une ligne jaune de l’épaisseur d’un cheveu apparaîtra sur la surface bleue. En utilisant cette méthode, les détails les plus complexes peuvent être réalisés avec un minimum d’efforts. Le pinceau-aiguille peut créer l’éclat de lumière dans un œil, créer des effets de fourrure, les moustaches d’un animal, des plumes et les dessins les plus complexes sur les vêtements. Travailler de cette façon peut être à la fois amusant et gratifiant, donc, si vous êtes un obsédé des détails, essayez la technique de l’aiguille.