Mike Taylor
Partie 5, Peinture, section 11 : Glacis et transparence (page 100)

(Auteur : Michael Taylor, traduction : Stéphane Coudert, avec l'autorisation de Mark Taylor).

« Glacer » une figurine ne signifie pas lui apposer une couche de vernis : un glacis est une couche très fine de couleur transparente appliquée à une surface pour la modifier – comme on le ferait à l’aquarelle. Par exemple, si l’on veut modifier l’apparence d’un vêtement blanc, pour le faire apparaître moins brillant, ou plus chaud peut-être, l’astuce sera d’appliquer un ou deux glacis d’orange pâle.

Préparer un glacis est simple : prenez d’abord un gros pinceau propre de médium ou de white-spirit et posez-le sur la palette. Puis ajoutez une minuscule quantité (de la taille d’une tête d’épingle) de couleur et mélangez minutieusement. Le mélange doit toujours rester aussi léger que le médium lui-même, car tout ce dont on a besoin est une teinte. Avant d’appliquer le glacis sur la figurine, testez-le sur un papier essuie-tout. Si la couleur paraît trop forte, ajoutez plus de médium ; si elle est trop faible, ajoutez un peu de couleur. Souvenez-vous, néanmoins, qu’il est préférable de contrôler la force de la couleur en appliquant plusieurs fins glacis, plutôt que d’en faire trop à la première couverture. Assurez-vous bien que le glacis est minutieusement et uniformément mélangé avant de l’appliquer, et que la figurine que vous allez traiter est complètement sèche.
Pour les glacis, utilisez toujours le pinceau le plus large adapté à la circonstance, en appliquant la peinture en un mouvement continu et contrôlé. Le nombre de glacis mis en œuvre sur une figurine n’est pas important, mais laissez toujours un temps de séchage (pour laisser la peinture se fixer) ente chaque application. Plus encore, souvenez-vous que plus vous ferez de glacis, plus la figurine sera terne.
Pour terminer, il peut être intéressant de noter que la peau de l’éléphant de guerre carthaginois (illustration) a reçu plus d’une douzaine de glacis différents pour aboutir au résultat final. Tous ont été appliqués sur une sous-couche d’Humbrol « Désert » mélangé à du blanc. Les glacis ont été faits avec du Prussian Blue, Chrome Orange, Sap Green, Burnt Umber, Indian Red, Yellow Ochre et Ivory Black, chacun étant répété plusieurs fois.

Pour représenter un vêtement transparent, ce n’est pas aussi difficile qu’il pourrait paraître, l’astuce étant seulement de montrer la part du corps (sous-jacente) qui est la plus proche ou qui est touchée par le vêtement. La minceur du tissu de combien la couleur chair est visible. Si, comme avec les égyptiens (illustration), le tissu est extrêmement fin et touche la peau par endroit, il sera traité comme s’il n’existait qu’à peine. Quand le tissu s’amasse en plis, il devient plus opaque et est peint en conséquence.
Au début, la figurine doit être peinte comme si elle ne comportait pas de vêtements du tout. Cela doit être fait de la manière normale, à l’huile, en réalisant les ombres et les zones de chair claires. Une fois cela terminé, la figurine doit être laissée de côté pour un séchage total. Puis préparez un léger glacis de la teinte du vêtement et appliquez le sur toute la zone habillée, en faisant attention à inclure toutes les zones où le tissu couvre la peau. Faites-le avec un pinceau bien large en un geste continu, en évitant toute inégalité ou trace veinée de pinceau. Si le vêtement est blanc, le glacis laiteux adoucira la teinte chair, lui donnant un aspect voilé. Avec toute autre couleur, le primer blanc se teintera et la teinte chair (lorsqu’elle est couverte) changera délicatement d’apparence. Selon la minceur désirée du vêtement, plusieurs glacis pourront se succéder, mais laissez toujours un temps de séchage entre deux.

L’étape suivante est de peindre les vêtements, leur donnant forme comme d’habitude avec les valeurs claires et sombres de la lumière. Quand le tissu pend à l’écart des contours du corps, la tâche est simple, mais du fait de la peinture couvrant les tons chair, les plis sur le corps lui-même peuvent avoir disparu. Cela doit être reconstitué et pour cela il peut être nécessaire d’utiliser du primer blanc, particulièrement quand le vêtement est d’une couleur très pâle.
L’étape finale est de réaliser les ombres constituées par les plis sur le corps de la figurine. Cela se réalise simplement en ajoutant et fondant des tons chair plus foncés à l’arrière des plis. Durant ce processus, vous pouvez trouver que certaines zones de chair, particulièrement les plus foncées, sont devenues crayeuses ; il est préférable de les corriger tout de suite, quand la couleur ombrée est encore fraîche. La peinture de vêtements transparents est une opération subtile, qui requière beaucoup d’altérations tonales et des peintures superposées. Ne la traitez pas comme un défaut, mais plutôt comme une part du développement. Ce n’est pas difficile, donc soyez patients, travaillez méthodiquement et gardez toujours l’effet final en tête – à la longue, il apparaîtra.

Beaucoup de personnes ont commenté la grappe de bijoux qui ornent le fourreau de sabre de mon Kara Mustapha (illustration de couverture). Ces bijoux ont également des qualités de transparence et justifient quelque discussion. Toutefois, pour représenter un objet solide transparent, il est d’abord nécessaire d’en comprendre les principes. Nous avons déjà appris que la forme est donnée à un objet en plaçant les valeurs les plus claires en direction de la source de lumière et les plus foncées loin d’elle : et bien maintenant, l’exact opposé s’applique ! Par exemple, si vous étudiez les deux sphères (illustration), vous verrez que celle de gauche est opaque, alors que l’autre apparaît transparente. C’est parce que la transition tonale appliquée à la première sphère a été inversée pour la seconde. Pourquoi ? Parce que la lumière traverse tous les objets de verre. Pourtant, les spots de lumière restent à la même position, et cela parce qu’ils n’apparaissent sur la surface de l’objet qui fait face à la source de lumière.
Transparence versus réflexion
(Dessin Mike Taylor)
En utilisant ces principes, les bijoux de Mustapha ont été créés très simplement : chaque couleur correspondant aux rubis, saphirs et émeraudes ont été constituées en une valeur tonale moyenne et appliquées sur le fourreau. Du blanc pur a été ajouté en bas à droite de chaque bijou et doucement fondu en une forme de croissant à l’opposé de la source de lumière. De façon similaire, du noir est ajouté en haut à gauche et fondu. Pour finir, des spots sont placés dans la partie la plus sombre de chaque bijou (face à la lumière), avec juste une touche de Titanium White. Comme ces bijoux sont insérés dans des fermoirs, ils ne nécessitent pas plus d’attention. S’ils avaient été indépendants, comme ceux sur le turban de Mustapha, ils auraient créé des ombres portées sur le fourreau.

Il est intéressant de noter que les substances liquides partagent également les mêmes principes et, à condition qu’ils soient transparents, peuvent être peints en utilisant la même technique, avec autant de facilité. En fait, la transparence, sous toute ses formes, est beaucoup moins compliquées que beaucoup semblent le penser ; l’observation est tout ce dont nous avons besoin pour une interprétation réussie.