Mike Taylor
Partie 4, Chapitre 6- Couche d’apprêt et sous-couche (page 66)

(Auteur : Michael Taylor, traduction : Stéphane Coudert, avec l'autorisation de Mark Taylor).

Entre les phases de nettoyage rapide et d’apprêt, les plats auront besoin d’un bon lavage au savon et d’un rinçage afin d’enlever toute trace grasse laissée par les doigts. Ils peuvent aussi être plongés dans un bain de vinaigre. Pour cela, placez les figurines dans un récipient peu profond contenant du vinaigre blanc distillé et laissez tremper 12 à 15 heures. Cela enlèvera toute particule de métal qui pourrait subsister depuis leur entreposage et leur nettoyage. Cela protégera aussi les figurines d’une possible corrosion causée par une réaction de la peinture avec le plomb. A l’issue du bain, les figurines ne doivent pas être essuyées, mais laissées droites sur un morceau de papier absorbant pour sécher naturellement pendant au moins quatre heures. Il est très important qu’à partir de cet instant, les figurines soient manipulées le moins possible.
Pour être aisément manipulée pendant la peinture, une figurine peut être soit dressée sur une petite pièce de bois, soit insérée sur un morceau de carton ondulé (comme lors de son stockage). Avec le carton, le plat se présente sans fond qui détournerait l’attention du peintre, qui doit s’en défendre, et avec une protection comme tout dommage accidentel. Il y a cependant un inconvénient : les bords de la figurine sont moins accessibles à la peinture et, gardant en tête le vieil adage « Si vous pouvez le voir, peignez-le », ceux-ci ne doivent pas être oubliés. D’un autre côté, le bloc de bois permet de peindre les deux faces du plat et autorise une plus grande liberté de mouvement. Une recommandation : ne fixez jamais la figurine au bloc avec un adhésif double-face, car vous risquez de causer plus de dommage qu’à n’importe quelle autre occasion lorsque vous essayerez de l’enlever. Utilisez plutôt du blu Tack (patafix en france, NdT). Une fois que le plat est fermement, quoique temporairement, fixé, évitez de l’enlever jusqu’à ce que la peinture soit achevée. Une fois la figurine fixée, elle est désormais prête pour la peinture.

La raison d’être de l’apprêt (primer, NdT) est de donner à la surface une texture sur laquelle la peinture à l’huile adhérera. Certains peintres utilisent de la peinture en bombe pour voiture dans ce but, mais les risques de colmater les détails fins sont bien plus grands qu’en utilisant un pinceau. Pour un contrôle complet (la peinture Humbrol blanc mat Enamel est recommandée) le pinceau est le meilleur mode d’application de la couche d’apprêt, appliquée en plusieurs couches fines.
N’utilisez pas vos meilleurs pinceaux en poils de martre pour cela, car ils seraient abîmés presque immédiatement. À la place, utilisez un vieux pinceau de qualité inférieure, de grande taille bien adaptée pour une couverture rapide et facile. Si vous utilisez de la peinture Humbrol, vous pouvez soit remuer la peinture complètement (en l’agitant pendant plusieurs minutes), soit prendre du pigment pur au fond du pôt et le diluer avec du white-spirit. Appliquez la peinture en travaillant depuis le haut de la figurine jusqu’à la base, incluse, en faisant attention de ne pas laisser sécher le pinceau pendant le processus.
Le nombre de couches d’apprêt n’est pas important. Ce qui est important, c’est de ménager au moins un jour entier de séchage entre deux couches. Si la couche n’a pas le temps de durcir correctement, il est probable qu’il se diluera avec les huiles quand on commencera à peindre, ou, pire encore, qu’il s’enlèvera complètement, laissant le métal à nu. Si cela arrivait, il n’y aurait pas d’autre solution que de tout recommencer depuis le début : d’abord le décapant, puis le bain de vinaigre, etc.

Quand on ne met seulement qu’une couche d’apprêt, la couleur du métal apparaît en transparence et le peintre travaillera sur un fond gris. Si certains préfèrent cela, d’autres aiment travailler sur un beau fond blanc (à la manière d’une toile) qui rehausse la luminosité des couleurs. Pour arriver à ce résultat, plusieurs couches d’enamel (j’évite la traduction littérale "d’émail" qui laisserait croire que la couche est brillante au lecteur français ; M. Taylor parle toujours ici du traditionnel blanc mat Humbrol, NdT) seront nécessaires et une grande attention sera apportée à ne colmater aucun détail important de la figurine, tout particulièrement le visage.
Les détails pourront cependant être mis plus clairement en évidence en ajoutant un léger lavis de burnt umber (terre d’ombre brûlée) quand la couche d’apprêt est complètement sèche. Ceci, pour beaucoup, marque la fin de l’étape de préparation.

Peindre une sous-couche est une option additionnelle. Certains voient cela comme part intégrante du processus d’apprêt, alors que d’autres considèrent que ce n’est absolument pas nécessaire. Pour autant, les débutants ont tout intérêt à s’y essayer. Le procédé consiste à apposer platement sur la figurine quelques couleurs basiques sur lesquelles (et grâce auxquelles) la peinture à l’huile peut être appliquée en couches très fines. Les couleurs utilisées (appelées « couleurs locales ») doivent atteindre, au plus proche qu’il est possible, les couleurs d’uniforme ou de costume de la figurine. Des acryliques ou toute autre couleurs à l’eau peuvent être utilisées, d’autant qu’elles sèchent vite et qu’elles donnent une finition lisse et matte. Si les sous-couches sont faites aux peintures enamel mattes, qui sont tout aussi adaptées, 24 heures de séchage doivent être ménagées avant de peindre à l’huile.
La sous-couche est appliquée sur la couche d’apprêt avec une consistance uniforme, en ne couvrant que les plus grandes surfaces de la figurine : manteau, pantalons, chapeau, etc. Cette « sous-couche colorée », comme cela est aussi appelé (le terme « blocking in » évoqué par M. Taylor n’a pas d’équivalent littéral en français, NdT), doit être faite avec un mélange représentant le ton moyen, ce qui signifie qu’elle ne doit être ni trop claire ni trop foncée, de façon à ce que, lorsque les huiles y seront posées, les transitions de tons (expliquées plus loin) pourront être plus aisément réalisées.
Finalement, les novices découvriront que l’usage de sous-couches colorées présente deux avantages principaux. Premièrement, cela permet d’apposer des couches d’huiles très fines, avec comme conséquence de rendre la manipulation de la peinture moins difficile. Deuxièmement, le mélange devrait être fait trop rigoureusement et l’apparence de l’huile grâce à la sous-couche, la couleur visible, apparaîtra presque identique à celle utilisée, contrairement à ce qui se passe avec une sous-couche blanche.