Serge Franzoïa : décors et bannières

Les peintures de Serge Franzoïa, avec celles de Mike Taylor, ont été décisives dans ma passion pour les plats d'étain. Pouvoir l'entendre commenter une figurine et glisser au passage quelques indications sur sa méthode est une véritable chance, à chaque exposition où je le croise.
En vrac, et de mémoire, je citerai notamment (et j'utilise là mes mots, en essayant au mieux de transcrire ce que j'ai retenu des siens) :

  • Peindre un plat, c'est le rendre parfaitement compréhensible, au premier coup d'oeil ; chaque plan doit notamment être clairement lisible (qu'est-ce qui passe devant, qu'est-ce qui passe derrière),
  • Une orientation constante de la lumière virtuelle qui éclaire l'objet est évidemment essentielle pour arriver à cet effet. A ce titre, observez ce geste caractéristique lorsqu'un membre de jury, par exemple, commente une pièce : il oriente un crayon dans le sens de l'éclairage, l'approche de la pièce, et évalue ainsi comment les ombrages doivent sculpter les volumes ; il est essentiel de marquer cette orientation et surtout de la marquer de façon constante,
  • Marquer les contrastes, c'est marquer des ombres, parfois profondes. Le noir "sorti de tube" est tentant ; préférable est une ombre construite par des teintes qui assombriront avec nuance, sans éteindre une zone où l'on peut encore faire vibrer les couleurs sous-jacentes,
  • A l'inverse, il est illusoire de vouloir peindre du blanc au dessus d'une couche sombre préalable, alors même que nous partions d'une sous-couche ... blanche. On bannit donc les couches colorées trop généreusement étalées et on est paresseux : chaque zone n'est peinte qu'une fois, avec sa bonne teinte à la bonne intensité.

Il y en aurait tellement d'autres choses à dire ! Notamment sur la réalisation des décors qui l'ont rendu célèbre ; ils sont un régal de finesse indépassable et chacun extraordinairement évocateur de l'ambiance dans laquelle il positionne ses figurines.

Pour ce qui concerne la technique, l'article que le magazine "Figurines" lui a consacré (n°6, octobre-novembre 1995) est déjà une base essentielle pour comprendre sa méthode. Il y explique bien son extraordinaire technique "millimétrique", où il peint chaque zone avec sa couleur définitive directement, ce qui lui permet d'accéder tout particulièrement à des blancs très pur, sans accumulation de couleur. On note surtout que sa peinture est en tout point absolument précise : aucune zone "flottante" ne subsiste ; les couleurs sont fortement, mais surtout "fermement" contrastées.

Ce qu'il n'y explique pas, c'est son érudition dans le domaine historique et, bien évidemment, dans celui des bannières : chacune de celles qu'il a peinte existe vraiment. Indéniablement, cela contribue à l'assurance de la peinture et à la précision des détails ; ma propre expérience me confirme que l'on accède à un niveau de détail beaucoup plus fin quand on interprète le réel que quand on le fantasme seulement. Ses recherches permanentes l'ont amené à des rencontres assez extraordinaires, ce qui n'est pas le moindre des attraits de notre petit art.

Je présente ici quelques clichés de ses créations, renvoyant le lecteur vers la galerie, beaucoup plus complète, qu'il propose sur le site de l'AFM Montrouge.

On ne peut qu'espérer quelque ouvrage de synthèse, voire, osons rêver, une rétrospective qui nous permettrait de visiter une partie de sa très importante production.